Fondation Paul Renotte - Paul Renotte


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Paul Renotte ou l’art en devenir

Lorsque j’évoque la personnalité de Paul Renotte, je le revois toujours, en 1947, présider pour la première fois, en sa qualité d’échevin, la Commission directrice de la Société royale des Beaux-Arts de Liège. On guettait avec curiosité les premiers pas, comme mandataire politique, de cet artiste qui, jusqu’alors, avait développé sa libre création dans les milieux surréalistes. D’emblée, il conquit des esprits qui, par leurs origines ou leurs options, auraient pu nourrir quelque prévention l’égard de ce nouveau venu. C’est que Paul Renotte était pétri d’humanisme, "moteur" de tout grand art" comme il l’a écrit, et aussi moteur de toute grande action politique et culturelle, comme l’avait prouvé avant lui Jules Destrée. Et comme il l’a montré lui-même en s’affirmant comme un des meilleurs échevins qui, àLiège, ont eu en charge les Beaux-Arts depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il aurait abhorré la contamination actuelle de l’art par l’argent et chassé immédiatement les marchands du temple. C’est qu’il menait de front, avec la même indépendance, l’action politique et la création artistique. Cette dernière était pour lui une véritable obsession. Le regard sans cesse en éveil, il trouvait, dans n’importe quel fait de la vie quotidienne, prétexte à oeuvre d’art. C’est ainsi que, à l’issue de cette réunion où je le rencontrais pour la première fois, il s’était détendu en nous parlant familièrement de ses dernières recherches. Le matin même, il avait croisé dans la rue une soeur de Saint Vincent de Paul et la vue de ces cornettes blanches, battant doucement des ailes comme un grand oiseau des mers, lui avait inspiré l’idée d’un tableau dont il nous exposait les lignes générales. A ce moment, il avait abandonné le surréalisme pour les séductions nouvelles de l’abstraction. Mais cette abstraction n’a jamais étouffé en lui la liberté de l’acte créateur avec raison, il stigmatisait la tendance, trop répandue hélas , qui consistait â faire de l’art abstrait une "sorte de bric-à-brac où l’on relègue commodément toutes les incompréhensions ". Dans ce " monde des formes " qu’il a traité plusieurs fois en multipliant les variantes, il incluait aussi bien Masque, Minerve, le Téléphone.

Il était également passionné par les progrès de la science et de la technologie. Voilà pourquoi il souhaitait que l’art pût se déployer résolument, avec la même rapidité que la révolution de l’ère atomique. Il avait d’ailleurs coutume de répéter: "En art, on ne refait pas, on continue D’où son opposition déterminée aux erreurs du" réalisme scientifique en URSS, son admiration pour les oeuvres d’André Roublev, véritable novateur de la peinture russe au XV siècle, et son intérêt pour l’application de nouveaux procédés dans les arts plastiques traditionnels. En ce qui concerne ce dernier domaine, il en est résulté une série de peintures importantes, à partir de 1963, exécutées au moyen de couleurs synthétiques sur tôle cuite et qui constituent une véritable découverte plastique.

A l’exemple de Rodin qui s’efforçait d’arracher la matière à la sujétion des appétits terrestres, Paul Renotte, dans la sculpture, délivre les formes de leur gangue et les dirige vers l’idéal, comme on lance vers Mars Vénus et Jupiter les sondes créées par le génie humain. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de la réussite de compositions jaillies de la tôle et qui portent des titres hautement significatifs : Spatial, Lunaire, Départ.

Cependant, à côté de ces structures rigides et sombres, Paul Renotte, comme Le Corbusier, aimait ardemment la couleur. Les hasards de la vie m’amènent souvent dans la retraite champêtre qu’il s’était ménagée dans le Pays de Herve, à Tignée. Dans la pierre fauve et rugueuse des murs de cet ancien moulin installé le long de la Saivelette, il a disposé des pièges à lumière, faits de pâte vitrifiée aux couleurs intenses. Parfois, un rayon de soleil perce, avec une vigueur fulgurante, le medium de la matière. Je pense alors à Paul Renotte, je le vois soudain encore présent parmi nous. L’artiste s’est incorporé totalement dans son oeuvre. Il est devenu lui-même lumière, et nous éclaire. N’est-ce pas là le privilège des vrais créateurs

Jacques Stiennon - Professeur émérite à l'université de Liège

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